Depuis la rentrée de septembre, nous sommes confrontés à quelques « soucis »…
Dès le 2ème jour, la maitresse m’a dit « il y a un problème avec votre fille, elle ne parle pas et ne va pas vers les autres. »
Isadora est timide et très têtue alors forcément quand elle ne veut pas et qu’on lui demande, elle va encore moins vouloir…
J’avais remarqué lors de sorties ou d’événements qu’elle n’était pas pareille qu’à la maison, elle se renfermait, se raidissait physiquement même, changeait de tout au tout son comportement mais je mettais ça sur le dos de la timidité.
Et sans compter qu’Isadora est quand même rentrée à l’école à 2 ans et demi, ça peut paraitre anodin mais c’est la plus jeune de l’école.
Et puis à la maison, même si Isadora est la douceur incarnée, c’est un vrai moulin à paroles et une petite fille très très vive alors bon…
Isadora est plutôt contente d’aller à l’école. Elle a quelques copines et « travaille » bien (en particulier pour les dessins, le graphisme et toutes ces taches artistiques la maitresse m’a toujours dit qu’elle était très douée!).
La seule chose qu’elle n’aime pas c’est la cantine. Mais j’ai l’impression que pas mal d’enfants sont dans ce cas.
Toutes les semaines, la maitresse me disait qu’il y a avait un problème avec Isadora. Parfois avec des mots très durs et des sous-entendus assez déstabilisants.
Elle me décrivait une enfant que je ne connaissais pas, une enfant renfermée, qui joue dans son coin, et dont aucun son ne sort de la bouche…
Je sais qu’Isadora est une enfant réservée dès qu’on est à l’extérieur, c’est vrai, mais là…
J’en parle avec Isadora, tous les jours je lui demande comment ça se passe à l’école, ce qu’elle fait et puis je lui demande aussi parfois pourquoi elle ne parle pas là bas. En guise de réponse j’avais souvent un haussement d’épaule ou un « j’aime pas les autres ».
Bon… du moment qu’elle n’était pas en souffrance, c’était le principal!
Elle n’adorait pas l’école et elle ne la détestait pas non plus.
La maitresse a voulu qu’elle participe au « soutien » du midi. Et oui ça existe en petite section. Pour les enfants en « difficulté » et pour la maitresse ma fille l’était car elle ne parlait pas et restait souvent en retrait.
Alors pour « aider » Isadora qui a à priori a un problème de timidité, la logique veut qu’on la confie pendant 45 minutes à une maitresse qu’elle ne connait pas.
Une maitresse qui va lui dire de dessiner et de lui raconter son dessin parce qu’il faut qu’elle parle…
Pédagogie bonjour!
Elle y est allée une fois, ça ne s’est pas bien passé. La maitresse qui s’est occupée d’elle m’a expliqué qu’elle s’était braquée et n’avait pas voulu ouvrir la bouche.
Sans rire? Je comprends ma fille. Elle a 3 ans. Est ce une bonne méthode pour résussir à faire parler les enfants?…
Permettez moi de douter de ces méthodes!
L’après midi après ce soutien a été horrible. Isadora était complètement perturbée.
Elle n’y a plus remis les pieds!
De mon coté, j’étais désemparée, triste, malheureuse, en colère, je me sentais impuissante face à tout cela et face au mal-aise de mon Isadora.
La seule solution que j’ai trouvé, c’était de discuter beaucoup avec elle mais je ne voulais pas pour autant la braquer ou trop mettre l’accent sur ces « problèmes » histoire de ne pas aggraver la situation.
Peu de temps après voyant que la maitresse insistait sur le fait qu’Isadora ne parlait pas et me soutenait qu’il fallait absolument aller chez l’orthophoniste, je suis allée voir notre pédiatre et lui ai tout raconté. Il était scandalisé par les méthodes utilisées et par le soutien en général pour les tout-petits.
Il m’a prescrit un bilan orthophonique, sachant qu’à 3 ans, c’est trop tôt pour une quelconque rééducation.
Il connait Isadora depuis la naissance, et il m’a rassuré dans l’ensemble.
J’y suis allée pendant les vacances de février. En même temps cela pouvait être utile car Isadora a un fort défaut de prononciation.
Après un bilan de 2 heures où Isadora est restée seule avec l’orthophoniste avec qui le courant est bien passé, le résultat est sans appel, en clair la rééducation orthophonique ne parait pas indiquée pour l’instant malgré son défaut de prononciation, c’est une petite fille épanouie et sans « problème » aucun.
J’ai donc donné la conclusion à la maitresse.
A priori cela ne lui a pas suffit.
C’était l’escalade.
Donc d’abord la demande de soutien, puis l’orthophoniste et 3 jours après c’était le pédopsychiatre…
J’était assommée. Démotivée. Triste.
Et Isadora ressentait bien tout cela (en plus du fait que la maitresse me disait toute ces choses devant elle) et bien évidemment ça n’arrangeait rien.
Après coup, Little I. me disait qu’elle voulait aller avec ses copines mais qu’elle avait peur, elle me disait qu’elle connaissait les réponses mais qu’elle n’arrivait pas à les dire…
Si vous saviez le nombre de fois où je suis arrivée en avance à l’école juste pour observer cette petite fille à travers la fenêtre.
Cette petite fille qui était la mienne mais qui ne lui ressemblait pas. Une petite fille plus raide physiquement, légèrement en retrait et dont les lèvres ne se desserraient pas.
Avec la maitresse en tout cas, elle n’ouvrait pas la bouche.
Avec deux ou trois copines de sa classe parfois elle chuchotait mais vraiment du bout des lèvres…
Mais mon coeur était profondément meurtri. Je n’avais qu’une envie, récupérer ma fille et les garder, elle et sa soeur, toujours auprès de moi comme lorsqu’elles étaient bébés…
…
La maîtresse a bien vu que dès que nous arrivions avec sa soeur, elle s’ouvrait et nous parlait (devant les autres c’est en chuchotant mais bon..).
Elle ne comprenait pas. Moi non plus.
De quel mal souffre-t-elle? Comment faire pour qu’elle aille mieux?
Et puis par une cousine dont la fille souffre des mêmes « maux », on a entendu parler du Mutisme Sélectif.
C’est un trouble anxieux des petits qui se caractérise par l’incapacité de l’enfant à parler dans certains endroits comme à l’école alors qu’il peut prendre la parole tout à fait normalement dans les endroits où ils se sent à l’aise comme à la maison. Dans plus de 95% des cas, ce trouble est associé à l’anxiété sociale, ce qui explique que l’environnement scolaire représente un des endroits les plus anxiogènes pour l’enfant mutique et que c’est lors de l’entrée en collectivité qu’il devient le plus souvent manifeste.
Et si c’était ça?
Après en avoir parlé à mon pédiatre, et avoir fait des tests, voilà, à priori, nous savons enfin de quoi souffre Isadora.
Il y a plusieurs paliers, Isadora ne se situe pas au niveau le plus élevé, ce qui est rassurant pour l’avenir.
Je m’en suis voulu, je suis remise en question, moi la mère poule, la mère fusionnelle avec ses filles, celle qui a couvé H24 ses mini-pintades pendant 3 ans… Est ce que c’était de ma faute?
Mais non, la cause reste inconnue, l’origine traumatique et le dysfonctionnement familial ont été écarté comme cause du mustisme sélectif. Bref on ne sait toujours pas d’où ça vient mais l’origine biologique/génétique est de plus en plus mise en avant.
Maintenant, reste à tout mettre tout en oeuvre pour réduire l’anxiété de notre little I.
Le corps enseignant est informé et les maitresses/atsem suivent la bonne démarche, l’année prochaine tout sera mis en oeuvre pour qu’elle continue de progresser vers une vie plus facile en collectivité.
Depuis le début de l’année elle a déjà fait de gros progrès.
Et je m’en réjouis sincèrement, même si je sais que tout sera à refaire l’année prochaine. Dans une nouvelle classe, avec de nouveaux camarades et une nouvelle instit’ tout sera à reprendre, mais j’ai envie de croire que tout se passera bien, plus rapidement, car elle connaitra déjà le contexte de l’école…
Depuis qu’on a mis un mot sur son mal, Isadora a l’air d’aller mieux car elle se sent comprise.
Et même si la partie n’est pas gagné, j’ai espoir et Isadora sera bientôt, on l’espère profondément, aussi à l’aise à la maison qu’en société!